Bore-out, quézako ?
On se souvient du best-seller de Zoé SHEPARD paru en 2010, « Absolument dé-bor-dée ! Ou le paradoxe du fonctionnaire » avec en sous-titre le coup de grâce : « Comment faire les 35heures… en un mois ! ». Il y était bel et bien question d’ennui au travail… Poussé à l’extrême, cet ennui peut devenir pathologique et conduire un individu à ce que l’on nomme le bore-out.
Un sujet « honteux »…
Travailler trop nuit à la santé, nous le savions déjà, mais ne rien faire ?!... Difficile pour les salariés d’en parler dans une société au taux de chômage galopant et ou le travail reste un vecteur majeur de reconnaissance sociale. Dire que l’on est payé à ne rien faire… On frôle le politiquement incorrect !
Une souffrance réelle pour les salariés…
Deux consultants suisses, Philippe ROTHLIN et Peter WERDER ont posé des mots en 2007 sur ce phénomène peu connu, mais de plus en plus présent dans les entreprises : le bore-out. Le bore-out est un syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui. Il touche entre 15 et 30% des salariés. Mais alors, quelle différence avec le burnout ? Sa cause est inverse à celle du burnout, mais les conséquences sont les mêmes : l’ennui au travail génère une souffrance chez les salariés et les signes d’alerte sont identiques : anxiété, troubles du sommeil, fatigue, douleurs physiques, troubles digestifs, perte de l'estime de soi. Selon une étude menée par des chercheurs britanniques, l’ennui peut réduire l’espérance de vie avec un risque d'infarctus et de maladie cardiovasculaire multiplié par deux.
Quelles conséquences pour l’employeur ?
- Un risque élevé de congés maladie.
- Turn-over.
- Une faible implication du salarié dans l'entreprise.
Il appartient au manager de prévenir…
La surveillance des salariés n’est pas une solution efficace sur le long terme. Il appartient au manager de prévenir la survenue du bore-out. Pareil au burnout, Il s’agit là d’une démarche de prévention des risques que le manager devra mettre en œuvre, afin de préserver la santé des salariés et optimiser la performance de l’entreprise. Comment ?
- En commençant par identifier les signaux d’alerte : pauses à répétition, perte d'intérêt, hyperémotivité, apathie…
- En prenant des mesures relevant de l’organisation et de la gestion des compétences : réévaluation du poste, mobilité interne avec proposition de nouvelles responsabilités…
Quelles actions possibles pour les salariés ?
Le bore-out, s’il met en jeu la santé du salarié, vient aussi questionner son devenir professionnel. Verbaliser sa situation va lui permettre de retrouver sa place d’acteur de ce devenir. L’accompagnement par un professionnel (médecin du travail, psychologue du travail…) peut faciliter la démarche.
Prendre conscience de la situation constitue la première étape pour le salarié, ce sont ses intérêts professionnels qu’il devra ensuite remettre en question. L’ouverture d’un dialogue avec le management reste incontournable pour entrevoir les possibilités d’évolution.