Télétravail pour tout le monde, tout le temps ?

Parler de télétravail, c’est parler de l’articulation des temps. Cela correspond à la manière dont les personnes vivent et conjuguent les relations entre le travail et le hors-travail. Elle constitue une des dimensions de la qualité de vie au travail.

On a assisté ces dernières années à une évolution des rythmes individuels impulsée par une diversification des rythmes de travail et une progression des formes de travail atypiques, une intensification du travail et du travail en mode projet ainsi qu’à une explosion des NTIC.

L’organisation sociale du temps s’est profondément transformée avec une nouvelle organisation du territoire, une féminisation de l’emploi, une évolution du modèle familial et une évolution des parcours de vie, déplaçant ainsi les frontières travail-hors-temps de travail.

 

 

Pour autant, cette forme de travail atypique qu’est le télétravail correspond-elle à tous et est-elle pertinente à plein temps ?

 

AVANTAGES ET INCONVENIENTS DU TELETRAVAIL

 

Enquête sur le télétravail (2010) - Entreprises et Cités

 

Cette enquête le montre, le télétravail, même s’il offre globalement une meilleure qualité de vie au salarié n’est pas dépourvu d’inconvénients. Avant de voir en cette forme de travail un idéal, il est important d’en revisiter les critères de réussite :

 

Un emploi adapté au télétravail

Avant toute chose, l’emploi exercé doit être adapté au télétravail or tous les emplois ne se prêtent pas au télétravail. L’emploi doit en effet pouvoir être exécuté techniquement à distance au domicile du salarié sans que son absence physique de l’entreprise soit pénalisante pour cette dernière. Malgré une avancée croissante de cette forme de travail, le nombre de métiers adaptés au télétravail reste encore restreint.

 

Télé-travailler mais pas à plein temps

Les relations de travail se détériorent au-delà de 3 jours de télétravail (Obergo, 2011/2012). Le télétravail à temps partiel constitue donc un bon rempart à l’isolement du salarié.

  • 1 jour par semaine : 14% des télétravailleurs pensent que l'évolution des relations avec les collègues est défavorable.
  • 2 ou 3 jours par semaine : 14% des télétravailleurs pensent que l'évolution des relations avec les collègues est défavorable.
  • 4 jours ou plus/semaine : 27% des télétravailleurs pensent que l'évolution des relations avec les collègues est défavorable.

 

Une autonomie dans l’organisation

Le télétravail implique une certaine discipline en terme d’organisation. Pour plus d’efficacité, il apparaît nécessaire de bien distinguer l’espace de travail de l’espace de vie, la tentation est grande de vaquer à d’autres occupations du quotidien. Le télétravail doit par ailleurs être acceptée de la famille. Une bonne gestion du temps sur le long terme constitue également un facteur de réussite essentielle. Si vous ne disposez pas de cette qualité, le télétravail n’est pas fait pour vous !

 

Un management spécifique et une relation de confiance

Le télétravail implique une nécessaire adaptation du management, principal frein à sa mise en œuvre dans les entreprises. La dimension du contrôle est souvent la plus critique pour le manager où contrôle et  autonomie peuvent être combinés. La solution allie autonomie dans le travail et clarification des critères de performance quant à la réalisation de celui-ci, tout cela adossé à une  relation et à un contrat de confiance (et de travail) entre le salarié et l’entreprise. Le contrôle de la performance et des résultats s’avèrent également indispensables afin de rendre possible la gestion des carrières. Aussi, le management à distance ne correspondra pas aux salariés les moins autonomes ni aux fonctions bénéficiant d’un faible degré d’autonomie dans l’organisation.

 

Aimer travailler seul et avoir un réseau professionnel interne

Difficile de trouver un équilibre en travaillant de chez soi, en effet, les interactions sont moins fréquentes et le risque d’isolement du salarié existe. Un salarié déjà peu enclin à la communication dans une forme de travail classique pourrait perdre encore plus d’intérêt à interagir avec les autres. Un salarié ayant besoin de communiquer avec le collectif de travail pourrait percevoir en revanche de manière plus forte cet isolement. Dans les deux cas, une vigilance s’impose quant au maintien de la motivation. L’existence de liens forts avec les collègues, la hiérarchie et les autres services en amont du télétravail peut réduire le risque d’isolement du salarié, c’est pourquoi une ancienneté minimale est conseillée avant d’aller vers cette forme de travail.